OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Internet, les origines http://owni.fr/2012/08/09/internet-les-origines/ http://owni.fr/2012/08/09/internet-les-origines/#comments Thu, 09 Aug 2012 12:07:47 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=117779

Ouvrons ensemble le grand livre des Internets

[Lu sur le Wall Street Journal, Slate, LATimes]

Vautrés que vous étiez sur une plage de sable fin (ok, nous aussi), vous avez peut-être loupé l’une des dernières guéguerres en date sur Internet. A savoir : une lutte pour attribuer la paternité du réseau des réseaux.

Internet par la racine

Internet par la racine

Racine d'Internet par-ci, racine d'Internet par-là : mais c'est quoi ce bulbe magique générateur de réseau ?! Et pourquoi ...

Car pour certains, pas de doute, les entreprises privées sont les génitrices de ce bien joli bébé. “Contrairement à la légende, il ne s’agit pas du gouvernement [américain]“ peut-on lire dans le Wall Street Journal sous la plume de Gordon Crovitz, ancien du journal et aujourd’hui consultant média et nouvelles technologies.

Publiée fin juillet, sa tribune “Who really invented the Internet?” (“Qui a vraiment inventé l’Internet?”) attribue la paternité du Net à une entreprise made in USA, Xerox, à l’origine d’une autre technologie : Ethernet. Et réécrit donc au passage l’histoire communément admise, selon laquelle Internet découle des travaux menés dans les années 1960 au sein du DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), une agence du département de la Défense américain. Le fameux “Arpanet”, qui, s’il n’était pas à proprement parler Internet, n’en constituait pas moins un embryon, ainsi que le creuset de la communauté dont les travaux et les découvertes constituent le socle du roi des réseaux.

Un projet du gouvernement

Cette réinterprétation historique n’est pas passée inaperçue, suscitant une déferlante de réactions sur le Net en question. Cité comme référence dans l’article incriminé, le journaliste du LA Times Michael Hiltzik s’est inscrit en faux en réaffirmant dans un article que selon lui, “Internet tel que nous le connaissons est bel et bien né d’un projet du gouvernement.” Et d’ajouter :

Il est vrai qu’Internet a décollé après sa privatisation en 1995. Mais pour être privatisé, il faut d’abord appartenir à l’État.

Sur Slate.com, Farhad Manjoo se fait plus violent, écrivant que “quasiment tout l’article de Crovitz est d’une délirante ineptie” :

Il se trompe sur l’histoire de base, il se trompe sur les technologies qui définissent Internet, et, surtout, il passe à côté de l’importante interaction entre fonds publics et privés nécessaires à toutes les grandes avancées technologiques modernes.

Et le spécialiste nouvelles technologies du site de démonter point par point l’argumentaire de son ancien confrère. En profitant notamment pour rappeler qu’AT&T, gros bonnet des télécommunications américaines, s’était opposé à l’idée d’un ingénieur qui avait imaginé un réseau décentralisé, au fonctionnement rappelant étrangement Internet. Et Manjoo d’enfoncer le clou : “L’affirmation de Crovitz selon laquelle le gouvernement a ralenti le développement d’Internet est aussi complètement crétine. En fait, si vous voulez vraiment reprocher à quelqu’un d’avoir mis des bâtons dans les roues d’Internet, vous auriez tout à gagner en pariant sur la plus grande entreprise privée du pays —AT&T.”

Les commentaires sous l’article de Crovitz (comme sous celui de Slate) ne se veulent pas plus tendres, reprochant également la tonalité politique d’une telle tribune. Celle-ci se fonde en effet sur la critique d’une déclaration récente d’un Barack Obama en campagne :

Internet ne s’est pas inventé tout seul. La recherche publique a créé Internet, pour que toutes les entreprises puissent gagner de l’argent grâce à lui.

Soit un appeau à trolls de choix dans un pays où la libre entreprise est reine, et où le gouvernement est prié de ne pas fourrer son nez partout, et particulièrement dans le business, merci bien.

Au-delà de la bisbille politicienne, ce débat est surtout l’occasion d’ouvrir le grand livre des Internets pour mieux en comprendre les origines multiples et fascinantes. Slate propose d’ailleurs toute une tripotée de liens pour mettre à jour sa connaissance du réseau et je ne saurais que vous conseiller la lecture de Ruling the root, de Milton Mueller pour compléter ces -chouettes- devoirs de vacances.


Illustration CC FlickR : adriangonsalves

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Les médias en ligne à l’âge de raison http://owni.fr/2011/09/05/pure-players-rentree-mediapart-rue89-atlantico-slate/ http://owni.fr/2011/09/05/pure-players-rentree-mediapart-rue89-atlantico-slate/#comments Mon, 05 Sep 2011 17:00:43 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=78138 2012, scénario catastrophe pour les sites d’information en ligne non adossés à un titre papier, appelés pure players ? Ce n’est pas ce qui se profile à l’orée de la saison médiatique 2011-2012. Et l’arrivée de petits nouveaux – d’une version française du Huffington Post à un site hybride 100% Lagardère – semble confirmer qu’il y a encore de la place pour l’information en ligne.

Pour la présidentielle, les anciens capitalisent sur leurs acquis

Continuité, développement et innovation : tels sont les maîtres mots employés par les acteurs de l’information en ligne pour qualifier la saison qui s’annonce. Saison marquée par trois ou quatre élections présidentielles (France, Etats-Unis, Russie et Chine), comme le souligne Johan Hufnagel, rédacteur en chef de Slate.fr. Pour autant, pas question de modifier en profondeur les équipes et d’innover sauvagement pour couvrir les élections, françaises ou pas, contrairement à ce qui se prépare dans les rédactions dites “traditionnelles”.

En dehors de Rue89, dont la nouvelle maquette sortira courant octobre 2011, pas de grands changements à l’horizon pour l’information sur Internet. Développée par Upian , cette nouvelle mouture respecte “les valeurs de Rue89 tant graphiquement qu’éditorialement, pour en faire un site puissant et statutaire, pensé tant pour les éditeurs et les journalistes que pour les contributeurs” selon Alexandre Brachet, directeur de l’agence. Pascal Riché, rédacteur en chef, n’hésite pas quant à lui à la qualifier de “petite révolution”. Reste que dans le traitement de l’information, Rue89, que Claude Perdriel veut voir comme un laboratoire du Nouvel Observateur suite au rapprochement entre les deux médias, ne va pas modifier ses habitudes en profondeur.

La manne financière du patron du Nouvel Obs était notamment censée permettre le développement d’un pôle “datajournalisme“, aujourd’hui au point mort. La plateforme souhaite néanmoins renforcer sa présence sur les terminaux mobiles, comme nous le confie Laurent Mauriac, directeur général. Une première application Ipad, “Rue89 avec les doigts”, sortie fin mai, avait été proposée gratuitement comme numéro test. La deuxième sera payante et verra le jour d’ici la fin du mois de septembre.

Rue89 développe également une déclinaison Sports, “encore balbutiante”, selon Pascal Riché. Le premier des pure players français (tant en âge qu’en consultations) étoffera peut-être son effectif pour la période électorale, mais compte s’appuyer sur ses fondamentaux :

On va rester très participatif, non pas top-down mais plutôt bottom-up, avec le format “face aux riverains” notamment, et en insistant sur le fact-checking.

Le positionnement plus magazine du petit frère frenchy de Slate.com lui permet de prendre le temps, comme le souligne Johan Hufnagel : “On refuse le buzz, on ne fait pas de papier facile et à charge. On reste sur de l’analyse et du commentaire, contrairement à certains sites communautaires. C’est donc plus long, mais on pense que c’est plus sain.” Malgré une équipe restreinte composée de trois rédacteurs, d’un chef d’édition et d’un rédacteur en chef, l’objectif est de répondre présent pour ces élections.

Le constat est établi par l’ensemble de nos interlocuteurs : pour innover, il faut de l’argent. Et le nerf de la guerre fait défaut, quel que soit le modèle économique.

Slate.fr continue son développement sans accélération incontrôlée. Johan Hufnagel tient à nous préciser que le sombre tableau financier dépeint par le journaliste média de l’Express Emmanuel Paquette ne correspond pas à la réalité.

L’investissement réalisé pour lancer la déclinaison Afrique du site, savamment intitulée Slate Afrique, aurait grevé les comptes. Selon le rédacteur en chef et actionnaire du site : “On est toujours sur nos objectifs, liés à un plan de financement sur 5 ans. L’équilibre doit être atteint en 2012.” Pas d’investissements mirifiques à l’horizon, donc, mais un “travail de fond sur la plateforme. L’idée est de booster le SEO , mais nous n’avons pas prévu de refonte de la maquette, en dehors d’améliorations à la marge de l’ergonomie.”

Mediapart et ses 26 journalistes ne sont pas en reste. Pour François Bonnet, directeur éditorial du site :

Il faut qu’on ait un regard critique sur ce qu’on a fait en tant que journalistes sur les dernières campagnes présidentielles. En 1995 il y a eu la bulle Balladur, en 2002 personne n’a vu la montée du FN et en 2007, on a laissé de côté la question du couple Hollande-Royal. Il ne faut pas une fois de plus reproduire un plantage généralisé pour cette campagne. Pour nous l’enjeu est là : il faut qu’on se batte sur le terrain de l’info. Et ce dans une proposition éditoriale innovante qui est de bousculer la sphère médiatique : la différence en année présidentielle va se faire là-dessus.

Le dernier né des pure players français, Atlantico, pourrait quant à lui bénéficier de son positionnement à droite de l’échiquier politique. Selon Jean-Sébastien Ferjou, directeur de la publication, la présidentielle constitue un “booster naturel d’audience”. L’équipe du site, qui vient de perdre son rédacteur en chef, “travaille à des choses et réfléchit à des formats spéciaux dédiés à la campagne qui seront lancés à la fin du mois”.

Étonnamment, Mediapart et Atlantico sont sur la même ligne. Il ne s’agit pas d’innover à tour de bras, mais plutôt de renforcer pas à pas leur modèle respectif. Jean-Sébastien Ferjou souhaite “aller au-delà du milieu médiatico-politique parisien”, tandis que son confrère François Bonnet nous rappelle que “l’objectif de Mediapart est de casser l’agenda, de ne pas se laisser enfermer dans une bulle médiatico-sondagière”.

En trois ans d’existence, le site fondé par Edwy Plenel a réussi son pari : s’approcher de l’équilibre financier avec un modèle économique centré uniquement sur les abonnements. Les nombreuses révélations des journalistes d’investigation du média ont permis d’engranger de fidèles abonnés. Tant et si bien que le site dégage aujourd’hui 5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Pour la saison qui s’annonce, il s’agit de “consolider ce modèle et d’améliorer nos procédures”. Ici encore, les développements se feront à la marge, avec une application iPad et quelques projets “en cohérence avec le modèle économique de la structure”. La version anglaise du site, Mediapart English, est de ceux-là.

Lagardère et le Huffington Post débarquent dans l’Hexagone

Le relatif succès de ces médias nés en ligne attise les convoitises. Le groupe Lagardère développe depuis quelques mois un projet qu’il aime à qualifier de “pure player”. Reste que le site, dont le lancement public est prévu pour le mois d’octobre, s’appuiera sur les productions du groupe, qui comprend le JDD, Paris Match et Europe 1. L’équipe, composée de 5 journalistes, dont le rédacteur en chef Nicolas Moscovici, est d’ailleurs hébergée dans les locaux de la radio. A l’origine du projet, Laurent Guimier, tenancier motivé de l’émission “Des clics et des claques”, et Benoît Raphaël, ex-rédacteur en chef du Post.fr, et aujourd’hui consultant pour RevSquare. Selon lui, le site, dont le nom fait encore l’objet de discussions, sera “assez audacieux”, et il se murmure que la maquette fera la part belle au “journalisme de liens”. La positionnement éditorial 100% politique laisse à penser que le groupe Lagardère souhaite se doter d’un outil efficace dans la bataille médiatique de l’élection présidentielle.

Du côté de France Télévisions, on prépare également dans le plus grand secret le lancement de PI – pour Plateforme d’Informations – un site dont la vocation est de fournir la dernière information importante au moment où l’internaute en a besoin. Un objectif ambitieux doté d’un recrutement pléthorique : une quinzaine de personnes, dont beaucoup en provenance du Monde.fr. L’idée est de mettre en avant les contenus de France Télévisions en essayant de s’adapter au mieux aux usages en cours sur le web. Le lancement du site sera d’ailleurs l’occasion de faire la preuve de cette ambition : le site sera d’abord disponible sur mobile, puis sur les réseaux sociaux, et sera mis en ligne dans un troisième temps.

Offre pléthorique

La position particulière de la France, qui dispose d’une offre d’information en ligne pléthorique, a également aiguisé l’appétit de la sculpturale milliardaire américaine Arianna Huffington. Celle qui a construit le succès de son “Huffington Post” outre-Atlantique s’apprête à lancer une version française de son site, vraisemblablement en partenariat avec Le Post.fr, propriété du Monde Interactif (dont Lagardère est actionnaire). L’équipe du Post en avait bien besoin : aujourd’hui réduite au strict minimum, son avenir semblait plutôt compromis. Sa rencontre avec Louis Dreyfus a dû être déterminante. Courtisée par plusieurs patrons de presse, comme Pierre Haski, celle qui a récemment cédé son média au groupe AOL s’était bien entourée pour préparer son débarquement dans l’Hexagone. Sa visite avait en effet été chapeauté par Alain Minc et Bernard-Henri Lévy. L’information selon laquelle Le Post pourrait servir de rampe de lancement au “HuffPo” en France a été sortie par la Correspondance de la Presse et aurait filtrée au cours du dernier conseil de surveillance du groupe.

Plus modestement, de nouveaux projets souhaitent se faire une place dans le monde des pure players. En témoigne le prochain lancement de Quoi.info, un site de questions/réponses animé par une équipe de sept à huit personnes chapeautés par Frédéric Allary, ancien directeur général des Inrockuptibles, et Serge Faubert. Inspiré du site américain Politifacts, le site se propose de rééquilibrer la relation entre lecteurs et journalistes. Faisant la part belle au “factchecking”, l’expérimentation commencera à la mi-octobre, pour bénéficier du regain d’intérêt pour l’information en période d’élection présidentielle.

Gageons que l’ensemble de ces projets élargira les perspectives de la métarédaction du web français, et permettra à ce qu’on qualifie encore parfois avec dédain de journalisme web de gagner ses lettres de noblesse.


Et pour ceux que le développement d’OWNI intéresse, vous pouvez vous reporter à l’édito de maître Dasquié.


Crédits Photos CC FlikR SrgBlog, Bies, Larskflem

Crédits Illustration Une: © paylessimages & © pixbox77 – Fotolia.com

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[ITW] J-M Charon: “Les médias français n’ont pas de culture de recherche et développement” http://owni.fr/2011/05/03/itw-jean-marie-charon-medias-francais-innovation/ http://owni.fr/2011/05/03/itw-jean-marie-charon-medias-francais-innovation/#comments Tue, 03 May 2011 15:30:40 +0000 Céline Sawalski http://owni.fr/?p=60496 Le sociologue des médias Jean-Marie Charon a publié en mars La presse en ligne aux éditions La découverte. L’occasion pour OWNI de faire un état des lieux de l’évolution des sites de médias.

Vous critiquez l’approche trop “homogène” qu’avait Xavier Ternisien, journaliste spécialiste des médias au Monde, des rédactions web. Vous avez publié en mars une enquête sur la presse en ligne, quelles sont vos principales observations ?

Ma première enquête doit dater de 2009. J’en ai discuté avec Xavier Ternisien après son article. Sur le web, la typologie est plus riche en terme de formes éditoriales et de types de journalistes. Il n’y a pas seulement des journalistes de desk  mais aussi des journalistes qui font de l’information multimédia beaucoup plus évoluée et trouvent des nouveaux modes de traitement, comme Ternisien avait pu le décrire. Chez Rue89 et Mediapart, on retrouve aussi des fonctions journalistiques plus traditionnelles et intégrées dans l’univers du web, des enquêteurs, des éditorialistes, des intervieweurs, qui sont issus de la presse traditionnelle.

La presse régionale travaille très différemment. Les journalistes dédiés à de la production imprimée peuvent dans le même temps s’impliquer sur le web. Le journaliste devient un journaliste Shiva qui va sur le terrain et multiplie les compétences. Et enfin, les rédactions pure-players qui ne se sont pas positionnées sur le traitement de l’information chaude et qui ont plutôt recherché des lignes éditoriales complémentaires. Par exemple, Slate se présente comme un magazine et non comme un média d’info d’actualité.

Jean-Marie Charon

Les pure-players se multiplient. Atlantico.fr a été lancé le 28 février. Cette diversité vous semble t-elle viable étant donnée la difficulté des sites à trouver un modèle économique ?

Il faudra répondre au cas par cas. Ces sites ont une identité éditoriale forte et ne trouveront des ressources que s’ils ont un public suffisamment motivé pour participer soit sous forme d’abonnement (comme pour Mediapart), soit sous d’autres formes. Rue89 a travaillé sur le lancement d’une plateforme de don, J’aime l’info. Lorsque ces sites tentent de diversifier leurs activités en développant du service (e-commerce), il y a en face des concurrents très forts. Seule la motivation des lecteurs pour se rendre sur ces sites d’info participera de leur projet éditorial. Il faut qu’il y ait une motivation supplémentaire, c’est là que ça va se jouer.

On va voir apparaître des modèles moins présents dans la presse généraliste, avec des activités un peu hybrides.

Les rédactions se diversifient et développent des nouvelles activités: formation, organisation d’événements. C’est une pratique qui se fait beaucoup en presse professionnelle et technique où les chiffres d’affaires sont issus à 20, 30% d’activités annexes (salons, séminaires). C’est ce qu’indique le modèle développé par Rue89.

Pourquoi y a t-il autant de pure-players en France, ce qui n’est pas le cas du reste de l’Europe ?

Les sites d’actualité rattachés à des médias traditionnels ont été moins créatifs que des sites comme le Guardian ou le New York Times. Le Figaro.fr et Le Monde.fr ont des contenus qui se ressemblent et qui ne donnent pas l’image d’une recherche permanente d’innovation. Du coup, cela n’a-t-il pas créé des espaces de recherches d’innovation qui ont été couverts par des pure-players ? Autre facteur, la France a connu une énorme crise de l’emploi dans les médias, et en particulier dans la presse quotidienne. Des journalistes compétents, actifs, qui ont quitté leurs rédactions, ont tenté quelque chose.

Contrairement aux pays anglo-saxons où l’on débarque des dizaines de journalistes qui partent avec rien, en France, quelle que soit l’ancienneté, il est possible de partir avec des indemnités. Il va y avoir au Monde des nouvelles clauses de cession, je suis sûr que l’on va retrouver quelques-uns des journalistes dans les « pure-players », s’ils n’en créent pas eux-mêmes. Que ce soit Slate, Rue89, Mediapart ou Arrêt sur Images, dans les quatre cas ce sont des animateurs de projets issus de la presse écrite. Grâce à cette possibilité de partir avec beaucoup d’argent, certains se sont dit: profitons-en et créons des médias sur de nouveaux supports, c’est beaucoup moins cher.
Aussi, la presse magazine a montré qu’il était encore possible de créer des médias. Avec de petites équipes, des idées et quelques fonds, on peut encore lancer des projets. Ce n’est certainement pas un modèle évident en Allemagne ou en Grande-Bretagne, où la création de médias appelle des capitaux importants et des structures lourdes.

Deux pure-players ont échoué à l’étranger, même s’ils avaient des journalistes qualifiés, parce qu’ils n’avaient pas la possibilité de mettre des fonds personnels. Ils dépendaient uniquement de fonds d’investissement, et quand ceux-ci ont eu l’impression que l’info n’était peut-être pas ce qu’il y a de plus rentable sur le web, ils ont laissé tombé. Ça a été le cas pour soitu.es en Espagne et Netzeitung.de en Allemagne.

Le site espagnol Soitu.es n'est pas parvenu à s'imposer comme un pure-player.

Pourquoi les sites d’info adossés à des médias n’ont-ils pas pris le même chemin que leurs équivalents anglo-saxons ?

Cela doit beaucoup au problème de faiblesse structurelle de la presse française. Elle n’a pas les moyens financiers pour des développements de cette envergure. Il n’y a pas de culture de recherche et développement, les médias français ne sont pas assez habitués à travailler sur des maquettes, sur des pilotes, dans des laboratoires. C’est Nicolas Voisin qui dit que OWNI sert de laboratoire pour la profession.

On aurait tout à fait pu imaginer qu’un groupe comme Lagardère ou Le Monde Interactif crée un vrai laboratoire. Le Monde Interactif a essayé, avec Le Post.fr, mais ça a tourné court. Cela n’a pas été maîtrisé, ils ont été incapables de l’assumer et d’en faire quelque chose. Bruno Patino avait essayé de faire passer ses idées dans une période où il y avait certainement un problème de management.

Nous sommes à un moment charnière dans l’établissement des modèles économiques, les sites diversifient beaucoup leurs activités. Quel avenir voyez-vous pour ces modèles hyper-diversifiés ?

La particularité du web, c’est que c’est un média plus flexible et maniable. Je pense qu’on peut avoir une approche de niche. On va voir cohabiter des projets avec des médias financés par des sociétés de services, comme c’est le cas pour OWNI, des projets éditoriaux soutenus par des activités annexes ou par l’abonnement (Mediapart), mais cela ne nous dira rien de la capacité à équilibrer Le Monde.fr ou Le Figaro.fr. La répartition des ressources n’est pas encore connue entre les éditeurs et ceux qui sont les intermédiaires entre l’info et les lecteurs: les moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les fournisseurs d’accès à Internet.

Jusqu’à présent tous ces acteurs considèrent qu’ils font leur business dans leur coin et que, bien sûr, c’est mieux d’avoir des fournisseurs de contenu qui attirent les internautes. Mais ce n’est pas leur problème. Cette situation n’est pas éternelle, CNN se dit que sur le web ils ne gagneront jamais d’argent. Si des médias aussi importants que CNN ou le New York Times ne trouvent pas de modèle économique, par l’abonnement ou d’autres moyens, les portails ne pourront pas laisser ces entreprises s’effondrer et perdre en qualité et en fréquence de contenu.

Petit à petit on va certainement voir une division de la relation entre ceux qui ont accès aux publics et ceux qui fournissent le contenu.

Cette question se pose avec l’iPad, entre un fournisseur de matériel et les éditeurs de contenus. D’emblée, avec la répartition 70/30%, l’opérateur abandonne la vision de Google et des FAI. Ces derniers obtiennent des revenus publicitaires et plombent le modèle économique du fournisseur de contenus. On peut imaginer que certains FAI ou Google envisagent un partage des revenus. Cela reste hypothétique.
La presse en ligne perd l’accès direct à son lecteur et dépend de plus en plus des intermédiaires. Il y a les moteurs de recherche, les fournisseurs d’accès, les agrégateurs et maintenant les réseaux sociaux. 50% du trafic de Rue89 vient par exemple de Google ou des recommandations via les réseaux sociaux, 70% arrivent via les agrégateurs chez L’Express.fr. Il y a une perte de cet atout : pouvoir identifier ceux qui viennent chez vous, qui ils sont. Des infos que collectent les fabricants de matériels, les agrégateurs. Cela engendre une perte d’une partie de la recette publicitaire. Si un site comme Rue89 reste en déséquilibre à la fin de l’année, cela deviendra inquiétant.

Les sites qui utilisent un mur payant, tel que celui que vient de lancer le New York Times s’en sortent-ils mieux que les autres ?

Le quotidien anglais Times, qui est passé au tout payant, a perdu 90% de son audience. Eux disent qu’en perdant ce lectorat, mais en gagnant de nouvelles recettes, ils ont atteint un meilleur équilibre qu’avec le modèle précédent. Il y a une contradiction que posent les sites payants, et que posaient moins les sites gratuits: vous ne pouvez pas rendre un site payant sans apporter un contenu à valeur ajoutée. Le Monde.fr ou le New York Times sont confrontés à ce problème: le modèle du papier c’est de ne fournir que de l’information à valeur ajoutée. Faire du contenu à peu près similaire sur le web et espérer que vous allez faire décoller le quotidien est paradoxal.

Il y a un an tout le monde croyait au micro-paiement. Aujourd’hui ce n’est qu’une feuille de plus sur un mille-feuille.

Alors que les modes de ressources des médias traditionnels étaient simples : la publicité, les recettes des ventes; aujourd’hui on va rentrer dans des systèmes où l’on va cumuler des feuilles les unes sur les autres. Certains lecteurs sont très sensibles à des sites qui renvoient vers des sites de e-commerce et perdent confiance en un site d’information. Les régies publicitaires qui s’occupent de sites d’info le disent : le display (les pubs sur le site) ce n’est pas intéressant, tout le monde en fait on ne progressera plus. Les autres moyens sont le financement aux clics et il y a le “sur-mesure” qui consiste, pour une marque, à proposer à un site d’info de faire une Une autour de sa marque. Si un site faisait ça, il perdrait complètement sa crédibilité en terme d’information.

Les initiatives de financement par les dons, le mécénat, sont nombreuses (Propublica, J’aimelinfo.fr, Glifpix). Pensez-vous que c’est un développement nécessaire ?

Le site Glifpix dont on a entendu parler au moment des Assises du journalisme à Strasbourg, propose ce service. Mais la plupart des projets d’articles ou de sites ne sont même pas financés au dixième, ça a l’air d’être un fiasco complet. Pour que ça ait du succès, il faut beaucoup en parler et avoir une communauté qui est motivée par l’info sur le web et sensible à ce média. Ce que je crains pour Jaimelinfo.fr, c’est que l’on n’ait pas du tout dans cette posture en France. Aux États-Unis, les financements par les fondations sont traditionnels pour de nombreux secteurs : les hôpitaux, les universités, les institutions. En France, cela reste cantonné aux ONG. Ça ne prendra pas l’ampleur que cela peut avoir aux États-Unis.

Il y a eu des fonds créés via un système de mécénat qui donne des avantages fiscaux si vous investissez dans des sociétés de financement pour la presse écrite. Cela ne mobilise pas beaucoup d’argent. Le SPEL [NDLR: fonds d’aide au développement des services de presse en ligne] ce ne sont pas des fonds pour équilibrer mais pour réaliser des investissements sur des projets. Mais si vous n’arrivez pas à développer des projets, il ne faudrait pas en arriver à la situation de la presse écrite qui est presque complètement dépendante des aides de l’État. 

L’élection présidentielle approche. On a vu cette année des affaires comme l’affaire Woerth, sorties d’abord sur le web. Pourquoi la classe politique a-t-elle été aussi virulente envers les sites d’infos ?

La classe politique est déphasée par rapport à une partie de la société. Quelques politiques s’y sont un peu mis, mais la classe politique reste vieille et a moins de familiarité avec ce média.

La pratique courante du cumul de mandats donne des emplois du temps assez encombrés. Et le web est un média chronophage. Si vous voulez suivre les réseaux sociaux, les sites d’info, comprendre comment fonctionne la logique éditoriale de Slate, Mediapart, Rue89, où les papiers sont plus longs et complexes, il faut du temps. Les politiques n’ont ni le temps, ni le goût, ni la compréhension, ils ne connaissent ce média qu’indirectement, par des tiers.

En plus, ces médias sont de plus en plus foisonnants, avec des formes plus anciennes du journalisme : l’investigation, l’édito, la satire, des formats beaucoup plus irrévérencieux. D’emblée il y a une très grande dégradation de l’image des journalistes. J’ai travaillé dans des cabinets ministériels et animé des réunions et de séminaires au Service d’Information du Gouvernement. C’est là que l’on entendait, à propos du web, les termes d’ “information poubelle”, d’”information caniveau”. Et personne ne s’est levé pour protester.

Photos Flickr CC-BY-NC-ND par matteopenzo et CC-BY-ND par kozumel.

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Atlantico, entre le Daily Beast et le Huffington Post? http://owni.fr/2010/10/28/atlantico-entre-le-daily-beast-et-le-huffington-post/ http://owni.fr/2010/10/28/atlantico-entre-le-daily-beast-et-le-huffington-post/#comments Thu, 28 Oct 2010 14:43:06 +0000 Benoit Raphaël http://owni.fr/?p=33926 Jean-Sébastien Ferjou et Arnaud Dassier, les co-fondateurs (avec Pierre Guyot, ancien de RTL, Europe 1 et BFM) du futur pure-player d’informations Atlantico, m’ont fait le plaisir de me recevoir (à leur demande) pour me parler de leurs ambitions.

On a parlé un peu politique, bien sûr, Atlantico ayant été présenté ça et  tantôt comme un Rue89 ou un Mediapart de droite. Le rapprochement serait plutôt à faire avec Slate.fr: le média se veut un site d’infos qui laisse la part belle à l’opinion et à l’analyse. Mais “plus en prise avec l’actualité chaude”, précise Jean-Sébastien Ferjou.

Quant à l’étiquette “de droite”, les fondateurs ne la revendiquent pas, même s’ils ne récusent pas leurs affinités. Arnaud Dassier, l’un des investisseurs aux côtés de Charles Beigbeder (ex candidat à la présidence du Medef) a conseillé l’UMP sur la campagne Internet de Nicolas Sarkozy. La volonté, cependant, “n’est certainement pas de créer un média militant”. Mais bien de remplir un vide dans l’offre médiatique à travers un site d’infos à sensibilité “libérale” et indépendant. Un média qui souhaite s’appuyer sur la campagne présidentielle pour construire son audience et s’imposer dans le paysage des pure-players d’infos. Une stratégie inspirée du site américain The Huffington Post, d’inspiration démocrate, à qui la présidentielle a servi de levier d’audience.

Le rapprochement avec le Huffington Post n’est pas anecdotique. Même si les fondateurs préfèrent évoquer le modèle du Daily Beast, qui mélange articles de fonds, journalisme de liens et opinions, avec une approche urbaine et moderne, un vrai ton qui a permis au jeune site new yorkais (que j’avais visité en juin dernier) de trouver une place de choix.

Journalisme de liens

La ligne éditoriale annoncée se veut d’ailleurs très ouverte: Atlantico parlera de politique, d’économie, de sciences, mais se permettra également d’aller sur des terres plus grand public comme l’insolite ou la télévision. “L’idée est de casser la hiérarchie de l’info”, commente Jean-Sébastien Ferjou.

Le profil des co-fondateurs va dans ce sens: Pierre Guyot et Jean-Sébastien Ferjou ont fait leurs armes dans l’audiovisuel, le premier en radio, le second à la télévision (LCI et TF1), tandis que leurs concurrents affichent plutôt une culture presse écrite.

A l’instar du Huffington Post, Atlantico consacrera une bonne part de son éditorial au “journalisme de liens”: 50% des contenus seront des sélections d’infos trouvés sur le web. A la manière de Slate.fr: c’est à dire quelques lignes de synthèse et un lien. Cette sélection ne sera pas mise au même niveau que les autres contenus (comme sur le Huffington Post), mais sera mise-en-scène dans une rubrique à part, comme sur Slate ou le Daily Beast.

Le reste sera constitué de billets d’analyses, écrits directement par des experts, édités par des journalistes, ou récupérés sous forme d’interview. “Les journalistes ne seront pas sollicités pour écrire des articles, mais pour trouver la bonne personne, le bon expert, le plus habilité à parler d’un sujet.” Un fil de dépêches (pas AFP) sera également proposé. Mais la rédaction ne s’interdira pas d’aller sur de l’enquête “quand l’occasion se présentera”. Plus fréquemment demain, quand le budget le permettra…

Modèle publicitaire

Pas de chiffres précis sur le budget global (que j’estime à 600.000-700.000 €/an), justement, ni sur le nombre exact de journalistes, mais “on est à peu près dans la fourchette de Slate”, entre 4 et 6 journalistes, avec un budget de piges ponctuel. Le site a été développé sous Drupal, un framework utilisé par la plupart des sites d’infos (Rue89, France 24, Slate et Le Figaro pour une partie…).

Il n’y aura pas de blogs, pas pour l’instant, mais un pool de contributeurs, parmi lesquels des personnalités et des blogueurs, qui s’est engagé à produire. “Nous n’avons essuyé aucun refus”. Parmi eux, quelques “people” (pas de noms, juste que Jean d’Ormesson, n’en fait pas partie!), mais surtout des experts, acteurs de la vie économique, médiatique et culturelle. L’inspiration? Plutôt “Europe 1″ que RMC ou France Inter.

Le business-model n’est pas encore très clair: le site sera gratuit, et s’appuiera sur un modèle publicitaire. Mais l’objectif est de jouer la diversification, avec probablement une couche payante. Mais pas dans l’immédiat. “La levée de fonds nous permet d’avancer tranquillement et nous laisse le temps de construire une audience.”

Pas de date de lancement annoncée, cependant. “Il reste quelques réglages techniques à faire”. Mais la rédaction est déjà en place et au travail.

Billet intialement publié sur la Social Newsroom

Crédits photo: Flickr CC Manish Bansal

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http://owni.fr/2010/10/28/atlantico-entre-le-daily-beast-et-le-huffington-post/feed/ 3
Warlogs: l’application d’enquête contributive européenne http://owni.fr/2010/07/27/warlogs-wikileaks-application-enquete-contributive-europeenne/ http://owni.fr/2010/07/27/warlogs-wikileaks-application-enquete-contributive-europeenne/#comments Tue, 27 Jul 2010 16:11:19 +0000 Admin http://owni.fr/?p=23157

Dimanche dernier, Wikileaks a dévoilé plus de 90.000 documents classifiés de l’armée américaine, mettant au jour de nombreuses bavures couvertes par les États-Unis et ses alliés ainsi que le rôle ambigu des services secrets pakistanais (vous pouvez consulter notre billet résumant toute cette affaire). Si une vaste partie des documents mettant en cause les armées américaines et britanniques ont été épluchés, beaucoup de documents concernant les autres pays sont encore à ce jour inexploités.

OWNI, Slate.fr et Le Monde Diplomatique vous proposent donc de participer à l’enquête liée à la plus grande fuite de documents classifiés de tous les temps.

Consulter, comprendre, décrypter, contribuer

L’application vous permet de lire les communications de l’armée américaine en Afghanistan. Les textes sont souvent abscons, écrits dans un jargon OTAN indéchiffrable, où “le patient va chez l’infirmière pour vérifier sa pression artérielle” se dit ‘PT TO PA IOT CHECK BP’ (the patient goes to the physician assistant in order to check his blood pressure). C’est pourquoi nous proposons un glossaire de presque 400 abréviations et termes qui facilitent la compréhension des documents.

Cet effort collaboratif permettra de mettre en lumière le quotidien de la guerre en Afghanistan, depuis 2004. Les rapports des journalistes qui y sont envoyés sont sensiblement contradictoires. Entre une victoire acquise d’avance au début des années 2000 et le bourbier actuel, force est de constater que les informations sortant de ce pays enclavés ont largement été contrôlées par les armées sur place.

Alors que nous sommes en Afghanistan plus longtemps que les Soviétiques n’y sont jamais restés (record de longévité battu en février dernier), il est grand temps d’en savoir plus sur ce que vivent les jeunes hommes et femmes que l’on envoie sur place.

Les documents que nous présentons sont classés “secret”, pour la plupart. On pourrait dire que leur diffusion met en danger les militaires et les civils sur place. Cependant, la fuite n’est pas le fait d’OWNI et les personnes intéressées par les informations classifiées, qu’elles travaillent pour Al Qaeda ou pour un gouvernement étranger, n’ont pas attendu notre application pour s’en saisir.

Pour contribuer, il vous suffit de consulter les documents. Si une communication vous parait étrange, si elle révèle des agissements douteux ou si elle comporte du jargon non encore expliqué, partagez vos trouvailles dans le champ ‘commentaire’.

Si vous avez des connaissances particulières sur le sujet, faites le savoir! Votre expertise nous sera d’autant plus précieuse. Une douzaine d’internautes nous ont d’ors et déjà aidé à traduire et à qualifier le parler OTAN. Vous pouvez consulter ce glossaire collaboratif sur Google Documents et en demander l’accès si vous souhaitez l’éditer.

Depuis que le gouvernement français décourage les journalistes d’aller enquêter en Afghanistan, il est extrêmement difficile d’obtenir des informations fiables. C’est pour cela qu’aujourd’hui, plus que jamais, nous devons travailler ensemble pour faire toute la lumière sur les actions de la France en Afghanistan.

Non-French speaker ? Be sure to check out the English version of the app !

Vous pouvez également consulter notre long article récapitulatif sur cette fuite sans précédent.

[MàJ mercredi 28/07 - 19h45 ] Nous avons procédé à plusieurs mises à jour de l’application. Outre les corrections de bugs, nous avons ajouté :

  • L’ajout automatique des entrées suivantes lorsque l’on descend sur l’écran de l’application (pagination au scroll)
  • Les données concernant les États-Unis, la Grande-Bretagne et les pays non-Européens, sous le filtre “USA, GB et hors UE”. Vous pouvez accéder à la totalité des données grâce au filtre : “Tous”.
  • Les articles publiés sur les sites de nos partenaires sont désormais directement accessibles depuis l’application ainsi qu’un lien “source” vers Wikileaks.
  • Un formulaire de recherche dans les rapports (qui permet également de trouver un rapport à l’aide de sa clef).
  • Une notification qui vous confirme l’envoi de vos commentaires.

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Crédit Photo CC Flickr : Kenny Holston.

  • Une mise en mémoire des filtres utilisés lorsque l’on clique sur le bouton “retour”.
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    http://owni.fr/2010/07/27/warlogs-wikileaks-application-enquete-contributive-europeenne/feed/ 15
    Prix de la presse au Kg : la presse française bien plus chère http://owni.fr/2010/03/09/prix-de-la-presse-au-kg-la-presse-francaise-bien-plus-chere/ http://owni.fr/2010/03/09/prix-de-la-presse-au-kg-la-presse-francaise-bien-plus-chere/#comments Tue, 09 Mar 2010 17:26:27 +0000 Caroline Goulard http://owni.fr/?p=9755 Titre original :

    Prix de la presse au Kg : la presse française bien plus chère que la presse étrangère

    Webdesigner et étudiante en quatrième année à l’Hetic, Elsa Secco a réalisé une visualisation à partir de données fournies dans un article de Philippe Douroux,  “Aux États-Unis, la presse pèse trois fois plus lourd et coûte moins de 2€/Kg”.

    La visualisation d’abord, réalisée par Elsa Secco, à partir des données fournies par Philippe Douroux dans son très bon article « Aux Etats-Unis, la presse pèse 3 fois plus lourd et coûte moins de 2€/Kg« .

    Elsa Secco est webdesigner et étudiante en quatrième année à l’Hetic.

    visualisation

    Quelques précisions sur sa réalisation ensuite :

    ELSA : « C’est la première visualisation que je réalise, et je voulais vraiment m’éclater, qu’elle soit, avant tout, fun et accessible.

    J’ai tout de suite eu l’idée de représenter les données par des plumes, double-métaphore pour illustrer le poids et l’écriture.

    Le plus laborieux a été de croiser l’image et les mathématiques. Il fallait absolument que les proportions soient respectées, pour que le lecteur comprenne instantanément ce qui est comparé et analysé. J’ai donc passé un moment à trouver la bonne échelle et faire des règles de 3 !

    Ensuite, j’ai étudié plusieurs possibilités de schémas, je ne dis pas que le mien est le meilleur, mais je voulais aussi le mettre dans le contexte de l’illustration, comme si des plumes tombaient du nid de l’oiseau.

    D’ailleurs je suis assez fière de mon oiseau, car il a une tête assez grotesque. :) «

    Et pour finir, je ne peux pas m’empêcher de vous livrer les quelques commentaires que ces données m’inspirent.

    L a presse française, coûte, en moyenne 11,30€ le Kg alors qu’aux Etats-Unis elle coûte moins de 2€ le Kg, selon les calculs de PhDx dans son récent article sur slate.fr.

    D’accord, vous allez me dire : quel sens ça a de comparer le prix au Kg de la presse ? J’y vois deux vertus pédagogiques :

    Premièrement, comparer les prix au Kg, c’est mettre en lumière deux phénomènes très importants dans la perte d’attractivité de la presse papier française :

    1. La presse française offre moins de contenu que certains titres étrangers (par exemple, les très copieux Washington Post et New York Times)
    2. La presse française est plus chère que la presse étrangère.

    Pour lutter contre des difficultés endémiques ou une crise économique conjoncturelle, certains titres ont amoindri leur rédaction et/ou leur pagination, tout en augmentant le prix d’achat. Comment s’étonner que les lecteurs désertent ? A l’origine des difficultés de la presse quotidienne française, il n’ y a pas seulement une transformation de la demande, un bouleversement des pratiques de lecture, il a aussi la faible attractivité de l’offre, et la visualisation d’Elsa montre bien cela.

    Deuxièmement : cette référence au prix au Kg nous fait prendre conscience de la matérialité de la presse papier. Un journal c’est de l’encre, du papier, des camions pour le transporter… Et tout cela à un coût (plus de 60% des charges  d’exploitation d’un titre). Des coûts qui ne se retrouvent pas dans la presse en ligne.

    Certains considèrent comme un paradoxe que bien des lecteurs, qui acceptaient de payer hier pour leur journal, ne conçoivent plus aujourd’hui de payer pour de l’information en ligne. Calculer le prix de la presse au Kg suggère une explication : les lecteurs ne payaient déjà pas pour l’information au temps des journaux imprimés, ils payaient pour le papier, l’encre, l’essence dans les camions et le salaire des porteurs.

    > Article initialement publié sur databasejournalism

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    http://owni.fr/2010/03/09/prix-de-la-presse-au-kg-la-presse-francaise-bien-plus-chere/feed/ 78
    F. Lefebvre : Hadopi remercie Slate ! http://owni.fr/2009/12/18/frederic-lefebvre-hadopi-remercie-slate/ http://owni.fr/2009/12/18/frederic-lefebvre-hadopi-remercie-slate/#comments Fri, 18 Dec 2009 12:39:44 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=6311 Nous savons tous que le porte-parole de l’UMP est plus qu’un homme d’action. Il appert qu’il est aussi un homme de parole mais aussi d’écrit. Pour notre plus grand plaisir. Celui de le mettre face à ses paradoxes : Le zélateur de la sarkozie s’en prend à ses troupes en devenant plagiaire éhonté.

    Internet est sans cesse sous le feu de ses critiques assassines, quand il y comprend quelque chose, il défend avec ardeur la scélérate Hadopi, et s’amuse à utiliser Slate comme banque de données pour son site personnel. Quelle charmante attention ! Slate, dont on ne peut pas prétendre qu’il boxe dans la même catégorie que le porte-plagiat cité plus haut, s’en fendu d’un article délicieusement vitriolé dénonçant la pratique peu délicate. Faites ce que je dis, pas ce que je fais ? Lefebvre maîtrise-t-il si mal le Net qu’il pensait que la chose passerait inaperçue ? probable considérées ses bourdes passées au sujet de ce média.

    En reproduisant intégralement un article de Slate.fr, le pirate gouvernemental rend illégitime ses positions pro-hadopi, rend caduques ses discours verbeux, rend nul et non-avenus sa défense exacerbée de la chose anti-piratage.

    troll

    Le droit de citation n’a pas dû l’étouffer quand il a modifié la plupart des liens hypertextes, il joue au troll alors qu’il cite la source sans lien vers Slate… Frédéric Paradoxe Lefebvre n’en est pas à ses premières actions plagiaires quand il reproduit les articles parlant de lui sur son site . Et, cela va de soi, pas le moindre lien vers les sources originales. Il serait peut-être temps que l’homme de l’UMP apprenne ce que sont ces choses qu’il défend (j’emploie ce terme à dessein tellement elles doivent être floues dans son esprit), il pourrait être tout aussi pertinent que son webmaster prennent quelques cours pour insérer un lien vers une source originale, ou que lui-même redevienne honnête intellectuellement à défaut de toujours l’être dans ses actes, son pillage de Slate étant à ce jour un de ses plus beaux faits d’armes.

    Droit d’auteur et UMP semblent être deux notions antithétiques… Hadopi et respect de sa propre loi aussi.

    Cette violation patente du droit des journalistes ne me laisse pas de penser que le mépris affiché  par les défenseurs zélés de cette loi est à l’image de ce que la sarkozie veut faire des journalistes, du net, des auteurs en tension contre eux. La loi est dure mais c’est la loi… le dispositif hadopi pourrait-il s’appliquer en l’occurrence ? L’arsenal juridique du code de la propriété intellectuelle ne sert-il qu’à caler une armoire dans le bureau de Frédéric Lefebvre ?

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