OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Grand Prix littéraire du web : nous avons les moyens de vous faire lire http://owni.fr/2009/11/18/grand-prix-litteraire-du-web/ http://owni.fr/2009/11/18/grand-prix-litteraire-du-web/#comments Wed, 18 Nov 2009 13:16:34 +0000 Abeline Majorel http://owni.fr/?p=5565 Le 10 Novembre dernier, l’équipe de Chroniques de la rentrée littéraire.com , ses partenaires ( Ulike, Silicon Sentier, Owni , Chermedia , Le Post ) et surtout ses participants, les bloggeurs du livre, ont remis, le Grand Prix Littéraire du Web à quatre auteurs de cette rentrée 2009. L’intitulé du prix, inspiré d’un art connexe à la littérature, le cinéma, est un hommage à la diversité et à l’ampleur des participations des amoureux de la littérature sur le web. Lors de cette soirée, les rencontres se sont multipliées, croisant les auteurs et les éditeurs, et offrant un point de vue sur les attentes et envies de nos lecteurs.

Dans une ambiance festive et conviviale, nous avons pu récompenser les auteurs que nos participants ont lus, aimés et voulus distinguer, dans les trois catégories : premier roman, roman français , roman étranger.

Les auteurs récompensés par le Grand Prix Littéraire du Web.

La plus grande récompense pour les participants aura été de rencontrer les auteurs primés, qui se sont déplacés avec plaisir et se sont livrés, avec émotion et sincérité. Après tout, la seule réaction que nous voulions connaître et qui nous intéresse, est celle des auteurs… et peut être celle de leurs éditeurs, ceux qui ont travaillé pour nous offrir ce plaisir solitaire qu’est la lecture, et qui l’ont partagé avec notre communauté.  Nous sommes fiers de pouvoir offrir notre reconnaissance à ces quatre auteurs et pensons que la qualité de ce « palmarès » est représentative de celles de nos participants et de leur goût.

A Chroniques de la rentrée littéraire, nous sommes très attachés à offrir la meilleure visibilité et les meilleurs lecteurs possibles à cette catégorie si sensible que sont les premiers romans. Ils sont même une des raisons pour laquelle nous avons créé cette plateforme.

Le Grand Prix Littéraire du Web du Premier Roman a été remis à Gilles Heuré, pour « l’homme de cinq heures » chez Viviane Hamy. Gilles Heuré nous a expliqué comment l’idée de cette narration loufoque et érudite lui est venue lors de ces études en hypokhâgne et comment ce premier roman est le travail obsessionnel de toute une vie d’historien.  (En lien les chroniques, et dans l’animation en slide les impressions des Grands lecteurs)

L’une des vocations de notre site était aussi de mettre en valeur des auteurs confirmés, mais qui peut être ne bénéficiaient pas de l’exposition au public qui leur permettraient de partager leurs mots et émotions avec le plus grand nombre de lecteur, eu égard à la pléthore de romans sortant à la rentrée.

Le Grand Prix Littéraire du Web du Roman Français a été remis à Isabelle Condou, pour « la Perrita » chez Plon. Isabelle Condou, venue de son sud, nous a ému, et l’était visiblement elle aussi, en nous racontant la génèse si intime de cette narration inclue dans la grande histoire de l’Argentine. Elle nous a aussi transmis le plaisir pour un auteur de trouver un écho dans ses lecteurs de ce qu’il a si intimement porté en lui. (En lien les chroniques, et dans l’animation en slide les impressions des Grands lecteurs)

Pas d’identité nationale en littérature, et surtout pas à Chroniques de la rentrée littéraire. Nous aimons les auteurs étrangers et leur traducteur ( voir chronique vengeance du traducteur).

Le Grand Prix Littéraire du Web du Roman Etranger a été remis à John Connolly pour « le livre des choses perdues » aux éditions de l’Archipel. Jérôme Pécheux, son éditeur, nous a lu  avec joie, le mail que celui-ci nous a fait parvenir

(En lien les chroniques, et dans l’animation en slide les impressions des Grands lecteurs)

Notre site n’aurait pu exister sans des passionnés, des passeurs. Nous tenions à les remercier tous ici.

Le Prix de la meilleur chronique a été remis à la bloggeuse de «  Chaperlipopette » qui nous a écrit ce petit mot que vous trouverez dans les slides.

Comme à Cannes, nous avons voulu distinguer une œuvre remarquable, un talent exceptionnel. Par ce choix, nous avons honoré un styliste unique, une narration atypique qui manifestement est promis à une pérennité  par son originalité.

Le Grand Prix Littéraire du Web, Prix Spécial du Jury a été remis à Eric Vuillard, pour « Conquistadors » chez Léo Scheer. Tous nous avons voulu remettre ce prix à cet auteur, pour la rareté de sa voix au milieu de cette rentrée littéraire.  Dans la maison de la lecture, il y a bien des portes. Toutes les demeures ont des portes permettant de communiquer entre elles, d’une masure à une plus élevée, une fois que l’agilité du lecteur a été forgée par le plaisir des mots. Nous avons voulu inciter à lire ce livre exigeant, mais avant tout, nous avons voulu inciter à lire. (En lien les chroniques, et dans l’animation en slide les impressions des Grands lecteurs).

Comment  le Grand Prix Littéraire du Web est né

Une véritable communauté, fondement de nos initiatives

« Dis moi Umbertino tu lis pour ce qu’il y a dans le livre que tu lis ou pour l’amour de lire ? » A cette question que la  grand-mère d’Umberto Eco posa,  tous les participants de Chroniques de la rentrée littéraire pourraient répondre d’abord  pour l’amour de lire, car ils considèrent la lecture comme un des biens précieux de la vie.  D’après les statistiques de la CNL, seulement 10,7% des lecteurs ont achetés plus de 12 livres dans l’année. Nos participants sont  tous inclus dans ce faible pourcentage.  Par la pratique du blog, ces amateurs se font prosélytes de ce vice solitaire et désirent le partager. Notre plateforme leur offre un espace libre pour ce faire.

Ce sont tous des amateurs éclairés. Et puisqu’élite et lire ont la même racine, ils forment une communauté élective de lecteurs.  Nous ne demandons pas leur parcours universitaire pour apprécier leurs avis, lorsque nous les contactons pour participer, comme nous ne demandons pas les diplômes qui justifient les critiques que nous lisons dans les journaux. Nous espérons faire un travail de démocratisation de la lecture et non de popularisation.  Ce que nous leur demandons c’est de faire le vrai travail d’accès à la connaissance, c’est-à-dire la transformation d’un savoir en une expérience de vie et c’est ce que font nos chroniqueurs, nous transmettre leur expérience.

Evidemment, nous n’avons pas contacté l’intégralité de la blogosphère littéraire, qui est si diverse et variée. Certains bloggeurs sont des journalistes, des critiques attitrés ou s’octroyant ce titre par leur plume prolixe et parfois talentueuse sur la littérature. Nous ne sommes pas sectaires et nous les invitons à nous rejoindre, nous les accueillerons avec plaisir. Nous notons toutefois que l’expertise n’est pas toujours bonne conseillère. Ce sont des experts qui en note d’édition à leur époque ont écrit sur Proust «  je suis peut être un peu limité mais je ne suis pas capable de comprendre pourquoi il faudrait consacrer 30 pages pour raconter comment quelqu’un se tourne et se retourne dans son lit sans trouver le sommeil »  ou à Flaubert sur Madame Bovary «  Monsieur vous avez enseveli votre roman dans un fatras de détails qui sont bien dessinés mais complètement superflus » ou sur Moby Dick «  Il y a peu de chance qu’un tel ouvrage trouve à intéresser un public jeune ». Ce sont aussi eux qui ont raté Céline pour le Goncourt. Et que dire de la cruauté des auteurs entre eux ? Flaubert disait bien : «  Quel homme aurait été Balzac s’il eût su écrire ». Nous ne prétendons à rien d’autre qu’à partager des avis éclairés. Nous raterions peut être aussi Céline mais nous l’aurions expliqué autant avec la tête qu’avec le coeur…

Un prix, un esprit

Ce prix est avant tout le reflet d’une communauté, il est représentatif des attentes de celle que nous avons constituée.  Le Goncourt représente le prix d’une société de gens de lettres héritiers d’un salon, nous, nous considérons comme un hall de bibliothèque, où tous  se rencontrent, tous les goûts se croisent et toutes les compétences s’enrichissent de la présence de l’autre.

Il est aussi un filtre. Face au 659 romans de la rentrée, nous avons choisi de ne pas parler des livres que nous n’avons pas lu. Notre plateforme a recueilli 300 chroniques. Ce prix est un exercice que la mémoire effectue naturellement, l’art de la synthèse. Car si la culture est un cimetière de livres disparus, nous voulions mettre en valeur ceux qui ont représentés les goûts du public.  Aucun livre n’est né chef d’œuvre, il le devient  tout au long des interprétations qu’il absorbe. Nous aurons livré nos interprétations.  Nous ne visons pas à déterrer des chefs d’œuvres inconnus des médias, et peut être que tel le vin, la littérature a plus de saveur dans sa contemporanéité, avec des saveurs impures.

Nous assumons ce tanin. Nous assumons le fait de prendre en compte l’avis de la majorité. Nous assumons le fait d’offrir un accès sur un support nouveau à la littérature.  Et peut être que grâce à notre recommandation, comme autrefois sur les fiches dans les bibliothèques, nous permettrons à des auteurs d’être lus, parce que de nombreux lecteurs auront déjà « empruntés » la voie de ce livre.

Des auteurs élus : le vote des lecteurs

Notre site ne s’est pas vanté d’avoir exhaustivement chroniquer la rentrée littéraire, mais la majorité de celle-ci : 300 romans sur 659 publiés. Nous avons voulu favoriser démocratiquement l’accès à ces livres, qui pourraient facilement passer pour des clandestins dans une rentrée littéraire. Emmanuel Leroy Ladurie, lorsqu’il était à la direction de la BNF, avait calculé que plus de 2 millions d’ouvrages n’avaient jamais été empruntés. En cette rentrée, les romans auront eu au moins un lecteur : notre chroniqueur.

Dans la présentation et le choix des chroniques, nous n’avons pas fait de hiérarchie, juste un classement : roman français, étranger, premier roman. Nous n’avons pas voulu nous interposer entre les recherches et les choix de lecture de nos visiteurs.  Notre site se veut tel que fut le bouche à oreille qui vous poussez chez votre libraire. Nous n’avons pas fait de déconseil surréaliste et péremptoire « Ne lisez pas Anatole France » . Nous avons recueilli les avis éclairés.

A partir de ceux-ci, les visiteurs du site ont pu voter pour mettre en valeur les auteurs qui leur ont plu, ou leurs envies de lecture, et un seul vote est pris en compte par chronique et par IP. Nous avons statistiquement extrait les votes pour créer la dernière sélection des 15 ouvrages que notre jury aurait à lire. Nous avons conscience que le système n’est pas parfait ( vote sans avoir lu l’ouvrage etc) mais d’une part nous faisons confiance à nos lecteurs pour user sagement de cette possibilité qui leur est offerte et d’autre part, bien que nous réfléchissons déjà à améliorer le système, nous sommes heureux d’avoir tenté de rapprocher web et littérature démocratiquement. Alors nous nous perfectionnerons, mais quoi ,  c’est une innovation, alors ne boudons pas notre plaisir en nous écriant que l’avenir aussi était mieux avant.

Les Grands lecteurs, parce qu’on ne peut pas dire gros !

Nous avons sélectionné un jury à l’intérieur de nos participants. Si nous avons fait ce choix pour élire les Grands Prix Littéraires du Web , c’est par une volonté d’extraire 3 ouvrages de façon ouverte, démocratique et compétente.  Les critères qui nous ont guidés dans ce choix pour les Grands lecteurs sont multiples, mais principalement, ce sont de « gros lecteurs », appliqués , capables d’  « avaler » cette quinzaine d’ouvrages, et tous réunis par leur amour des livres. Nous les avons sélectionné sur les critères suivants : leur absence de lien avec le monde de l’édition, leur capacité à transmettre leur pratique de la lecture, et malheureusement l’impératif d’être en région parisienne. Nous les avons choisi en prenant en compte la diversité de leur âge, de leur goût. Nous n’avons aucun doute sur leur compétence à apprécier un ouvrage, car si ils n’ont pas la formation universitaire ( 3 d’entre eux  pour le moins l’ont ) ils ont pour le moins « l’œil » et la capacité à faire un travail pour inciter à lire.  Et puis quoi, personne n’interroge la capacité du Goncourt des Lycéens ? Et bien nos jurés ont au moins le bac na !

Nous vous présentons les membres du jury : Tilly, notre doyenne si je peux me permettre, Alexandra, Stéphanie

, FabienneChristophe, notre ancien libraire, Mry qu’on ne présente plus, et nous-même créateurs de ce site Abeline et Raphaël.

Nous le répétons, nous ne sommes pas une société littéraire héritière d’un salon, mais un hall de bibliothèque.

Le Grand Prix Littéraire du web certes, et après ?

L’esprit qui anime l’équipe

Flaubert a dit que la bêtise , c’est de vouloir conclure. « L’imbécile veut parvenir de lui-même à des solutions péremptoires et définitives. »

A Chroniques de la rentrée littéraire, nous ne prétendons pas avoir trouvé la solution pour réconcilier le web et la littérature, ou pour amener en masse l’internaute en librairie. Mais, nous cherchons … Nous avons tenté, avec réussite à nos yeux, en cette rentrée de septembre, d’offrir un meilleur accès aux romans. Et si, nous pouvons avoir amené un lecteur à lire « Conquistadors » ou « La cinquième saison du Monde » et à partir de nos chroniques, d’accéder, pourquoi pas à « Ulysse » de Joyce, ou comme Raphaël le prône à acheter un volume de René Char, alors nous serons heureux.  Nous encourageons toutes les initiatives aussi diverses soit elles dans ce sens. Et nous  remettons déjà l’ouvrage sur le métier,  pour améliorer et innover et ce dès janvier, notre site.

Nous travaillons sur un support numérique, celui qui a « trusté » toutes les pages de cette rentrée avec les e-readers, celui qui fait interroger Umberto Eco par les journalistes sur la mort du livre, possible.  Nous, nous voulons expliquer aux auteurs et aux éditeurs ce que nous pensons qu’internet peut leur offrir :  des lecteurs, une agora, un outil de dialogue et de connaissance.

A nos participants, nous voulons offrir un meilleur service, une possibilité nouvelle de travailler, dans le respect de leur goût et de leur volonté de connaître, à découvrir des nouveaux ouvrages. Chroniques de la rentrée littéraire est comme une pratique de la lecture à haute voix et en public, et nous remercions nos courageux orateurs.

De nouveaux participants ?

Moins médiatisée mais toujours aussi prolixe, la rentrée de janvier se profile. L’année dernière nous avons eu le plaisir d’y lire Paul Auster, Richard Morgièvre ou John Berger. Qu’aurons nous en cette rentrée ?

Il est parvenu à nos oreilles que certains bloggeurs ont eu une réaction de dépit car nous n’avons pas réussi à réunir l’intégralité de la blogosphère littéraire, avec tous ces courants, et que donc nous ne les avions pas contacté. C’est une invitation officielle qui leur est faite ici. N’hésitez pas à nous rejoindre, venez disséquer avec nous , en admirateur cette rentrée de janvier.

Pour ce faire, nous redonnons les mêmes impératifs que précédemment aux bloggeurs :

-          Lire le livre reçu

-          Chroniquer en 3000 signes au minimum en dégageant la narration, les intérêts, le style , l’auteur et surtout en posant son opinion

-          Renvoyer la chronique à la date prévue

-          La publier sur son support personnel, seulement 3 jours après la publication sur Chroniques.

De notre côté, nous nous engageons à :

-          Leur faire parvenir un livre

-          Respecter leur écriture et leur opinion ( avec toutefois la possibilité de modération en cas d’insulte ou de propos diffamatoires, incitant au racisme à la haine etc)

-          Publier leur chronique avec le lien vers leur support personnel

-          Répondre à toutes leurs demandes le plus rapidement possible

-          Leur offrir une animation qui leur permettra rencontre, échange, et surtout plaisir

Comme une bibliothèque, Chroniques de la rentrée littéraire est ouvert à tous, dans la limite des places disponibles ;)

Les bonus et améliorations

Pour la prochaine saison, janvier vous l’aurez donc compris, nous travaillons à augmenter notre catalogue de choix pour les bloggeurs auprès des éditeurs et à leur fournir des opportunités supplémentaires d’amélioration de contenu ( avec des interviews d’auteurs) mais aussi de partage, avec l’organisation de rencontre.

Et surtout, nous travaillons déjà à une amélioration du site, notamment avec la possibilité de rechercher les chroniques par chroniqueurs, une meilleure ergonomie du site, améliorer la possibilité de converser sur le site et bien sur la mise à disposition de la bibliothèque de chroniques faites en septembre.

Nous espérons pouvoir poursuivre le dialogue entre nous tous, auteurs, éditeurs, lecteurs.  Bonne lecture à tous

Pour toute information complémentaire ou pour participer : chroniques @ chroniquesdelarentreelitteraire.com

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Chroniques de la rentrée littéraire: qui a eu cette idée folle ? http://owni.fr/2009/08/28/rentree-litteraire-qui-a-eu-cette-idee-folle/ http://owni.fr/2009/08/28/rentree-litteraire-qui-a-eu-cette-idee-folle/#comments Fri, 28 Aug 2009 18:30:09 +0000 Abeline Majorel http://owni.fr/?p=2953 Qui a eu cette idée folle, un jour d’inventer …

Empruntons à France Gall ces rimes si poétiques et parlons de la rentrée. La rentrée est le symbole des cartables et feutres à acheter, et du retour devant la machine à café après le soleil de l’été. S’il est un point commun entre écoliers et éditeurs, c’est bien la rentrée. Septembre est le moment pour les éditeurs de se présenter sous leur meilleur jour, en espérant jouer dans la cour des grands et obtenir un satisfecit en novembre si possible : le Goncourt pour les grandes classes, ou un de la dizaine d’autres prix existants.

Chaque année donc en septembre, le lettreux sort de son trou pour observer la rentrée littéraire. Et chaque année, un tsunami de papier le submerge lui, et la table de son libraire. 659 romans pour cette rentrée et estimez vous chanceux, le nombre est en baisse pour 2009 ( 670 environ l’année dernière). Imaginez vous devant la table du libraire avec 659 exemplaires étalés devant vous et un budget de 100 euros obligeant à faire un choix. Plusieurs techniques sont possibles : la lecture de la quatrième de couverture de façon méthodique ( prévoir une journée) , le repérage à la couverture la plus avenante ( plus facile de tomber sur un bon marketeur que sur un bon écrivain), se munir d’un Télérama, le Monde des Livres ou autres et suivre les chemins balisés ( selon le journal choisi Christine Angot ou François Bégaudeau sont des génies cqfd…) ou le pifomêtre qui au mieux peut permettre la découverte au pire le gaspillage. Bref, pour des amoureux de la littérature, comme moi, cela signifie toujours passer à côté de romans qui mériteraient un écho, un public.

Personnellement, j’attaque un entraînement psychologique et physique de haute volée dés le mois de juin pour ne pas me noyer en septembre : éplucher les catalogues des à paraître des maisons d’édition, préparation en amont de ma banquière, changement de lunettes, achat de carnets de notes. Malgré tout je passe toujours à côté d’un ou deux romans que je découvre des années après. Rageant ! Mais cette année, la lumière est venue à moi et la solution s’est imposée : pourquoi ne pas utiliser la merveilleuse ressource qu’est internet correctement ? pourquoi ne pas rendre communautaire ce défi que représente les 659 romans ? bref pourquoi ne pas utiliser les média sociaux pour choisir et aimer les livres de cette rentrée ?

Ce n’est pas le tout d’être touchée par la lumière et de se prendre pour Bernadette Soubirous encore faut-il que le reste du monde croit à votre miracle ! Et là, des dizaines d’immaculées conception de pacotille vous le diront : c’est difficile, il faut expliquer. Le web regorge d’amateurs de littérature éclairés qui discutent sans véritable passerelle d’achoppement de blog à blogs de leur passion. Les avis fusent et se diffusent et il est notable de voir la différence de point de vue existant entre les média traditionnels et le net. Evidemment, on peut me répondre que les journalistes eux sont très éclairés alors que nous apparemment nous n’avons la lumière qu’au fond de notre grotte. Pourtant sans être ségoléniste dans l’âme, je pense que les lecteurs sont les meilleurs experts de ceux qu’ils lisent : le vrai pouvoir de recommandation c’est eux qui le détiennent, rien de mieux qu’un ami vous offrant un livre pour avoir envie de lire. Après une discussion passant de Fleisher à Vialatte (surtout Vialatte !), Raphaël Labbé de Ulike et votre Bernadette Soubirous, se sont associés autour de cette idée folle : faire chroniquer la majorité de la rentrée littéraire par le net. Cette discussion littéraire que nous avions envie de partager avec le plus grand nombre est le véritable acte de naissance, le Noël de Chroniques de la rentrée littéraire.

Avant de vous distribuer en cadeau les chroniques, ce fut un long périple digne de la traversée du désert des rois mages, vers ces 659 impossibles étoiles. Comme votre servante Bernadette et Raphaêl n’avaient aucune envie de porter le poids de la rentrée littéraire seuls (659 multiplié par 500g en moyenne, faites le calcul ), nous nous sommes alliés d’autres illuminés littéraires. D’abord, Notre bonne Dame de la Librairie priez pour nous, Magali Porlier de Silicon Sentier. Cette association à la pointe des nouvelles technologies nous a offert un lieu, son expertise et toute sa bonne volonté et surtout sa patience dans le contact avec les éditeurs. Ensuite, Sainte-Cher-Bibliothèque de son petit nom Chermedia qui s’est jetée dans le défi avec ferveur, heureuse de faire chroniquer des ouvrages inédits par ses participants. Puis, la Babel du livre nous a rejoint , parlant le même langage d’amoureux des livres que nous : Babelio. Et enfin, ceux qui ont transportés nos paquets sur le net jusqu’au pied du sapin, Aurélien et Tom, nos deux anges du code, ont réalisé le joli paquet cadeau qu’est le site.

Bon c’est pas tout de faire les ravis autour de la crèche, mais il a tout de même fallu remplir les cadeaux. Et là autant vous le dire, pas de petits elfes pour nous seconder. Le poids du traîneau s’est fait lourd auprès des éditeurs. Nous les avons contacté un par un leur expliquant notre miraculeuse idée et les invitant à communier avec nous sur le net. Je peux vous dire que nous avons croisés beaucoup d’impies ! Si une inquisition du net existait, le monde des éditeurs auraient beaucoup de grands brûlés à déplorer. Je ne voudrais pas jeter d’anathème nominatif mais dans la série des blasphèmes, nos oreilles ont souffert de phrases du genre : « mais le net cela ne sait pas lire, je préfère déjeuner avec le critique de Libération » ou « une plateforme, ca a quelle forme ? » ou « bloggeur ca veut dire quelqu’un qui raconte sa vie sur le net, quel intérêt ? ». Certains géants de l’édition sur nos épaules de nains d’amateurs de littérature ont même participé du bout des lèvres, pour ne pas dire pas du tout ( allez voir notre liste vous les reconnaitrez). Bref, récupérer une majorité des romans de la rentrée littéraire ne fut pas une sinécure.

A l’inverse, le bloggeur est croyant, voir fanatique. Lorsque nous avons proposé ce défi aux bloggeurs de chaque communauté et à ceux extérieurs à celles-ci, les mains se joignant pour recevoir le roman ostie de la rentrée en exclusivité et pour déposer sur notre site l’obole d’une chronique ont rempli notre sacristie ! Et il n’est de meilleure religion que la littérature, qui grâce à ses fidèles a réussi le défi de soulever le poids de la rentrée, joyeusement, en chantant un gospel pour convaincre les impies : « Ohhhh happy rentrée… quand le bon roman viendra … et il viendra…. Nous saurons le recommander ». L’auteur aussi est croyant puisque certains d’entre eux viennent participer, en rédigeant des chroniques pour certains, en commentant pour d’autres, en nous envoyant leur roman. Les auteurs dans leur infinie sagesse nous ont accordés des interviews , petits suppléments d’âmes que nous destinons à nos lecteurs et dédicaçons à nos chroniqueurs.

Noël pour nous sera en octobre cette année: le jour où nous pourrons au travers des coups de cœur que nous mettons en valeur et par le vote des lecteurs et des bloggeurs, offrir en cadeau un prix au meilleur chroniqueur, celui qui est l’oublié des rentrées, celui qui fait l’effort d’avoir une bonne plume après le plaisir de la lecture, et un podium des romans, plébiscités par nos lecteurs. Et moi Bernadette, je vous invite à venir déballer les cadeaux avec nous ce jour-là et en attendant le champagne, de grignoter quotidiennement en apéritif les chroniques du site.

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