OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Jeannette Bougrab profession libérale http://owni.fr/2011/06/14/jeannette-bougrab-en-profession-liberale/ http://owni.fr/2011/06/14/jeannette-bougrab-en-profession-liberale/#comments Tue, 14 Jun 2011 10:39:37 +0000 Guillaume Dasquié http://owni.fr/?p=67852 Jeannette Bougrab s’est enregistrée pour exercer en profession libérale peu avant son entrée au gouvernement. Selon des relevés obtenus par OWNI, la Secrétaire d’État à la Jeunesse et à la vie associative a demandé et a obtenu un statut de profession libérale le 1er octobre 2010 (voir document ci-dessous), peu avant sa nomination intervenue le 14 novembre 2010. La note que nous avons obtenue montre que ce statut est toujours actif au 9 juin 2011. Théoriquement, celui-ci lui permet de facturer des prestations à des entreprises et à des particuliers.


Cette activité de profession libérale, rattachée à son domicile privé, ne figure à aucun moment dans la déclaration d’intérêt de Jeannette Bougrab, mise en ligne sur le site du gouvernement le 21 avril dernier. Conformément aux efforts de transparence affichés par le Premier ministre François Fillon.

Nous avons sollicité Jeannette Bougrab sur la nature de ses activités. Elle a précisé que son enregistrement en profession libérale était destiné à proposer des prestations d’avocats, et qu’elle avait entrepris cette démarche à une période où elle ne pensait pas arriver au gouvernement. C’est-à-dire peu après l’annonce de son départ de la présidence de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), dans le courant de l’été 2010.

Selon elle, depuis son inscription au 1er octobre 2010, « aucun revenu n’a été perçu » en association avec cette activité libérale. Cependant, après son arrivée au gouvernement, elle n’a pas demandé à être radiée. « Je sortirai de la vie politique l’an prochain » ajoute-t-elle en guise d’explication.

Dans un passé récent, en marge de ses activités dans le public, Jeannette Bougrab a exercé comme consultante dans le privé. En particulier pour l’une des sociétés de Stéphane Courbit, Mangas Gaming, au moment des travaux préparatoires au projet de loi qui autorisera le marché des jeux en ligne (voté le 6 avril 2010).


Retrouvez toutes les vérifications des déclarations d’intérêts des ministres du gouvernement réalisées par OWNI.

Photo FlickR Paternité ADMICAL

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Paris en ligne: le troisième âge d’Amaury ? http://owni.fr/2010/04/08/paris-en-ligne-le-troisieme-age-damaury/ http://owni.fr/2010/04/08/paris-en-ligne-le-troisieme-age-damaury/#comments Thu, 08 Apr 2010 16:28:56 +0000 Vincent Truffy http://owni.fr/?p=11848 41817433_abf3630c2b

Photo CC Flickr hada55

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Les jeux en ligne constitueront une source de revenus supplémentaire espère le groupe qui édite L’Équipe  et Le Parisien, en plus de l’activité historique presse  et de l’organisation de compétitions sportives.

Les députés ont adopté, mardi 6 avril, le projet de loi ouvrant à la concurrence le marché des jeux en ligne. L’opposition parlementaire a beau dénoncer la pression des lobbys, multiplier les amendements, l’enjeu est trop gros pour que le gouvernement laisse passer Roland-Garros (18 mai-6 juin), la Coupe du Monde de football (11 juin-11 juillet) et le Tour de France (3 au 25 juillet).

En 2008, Roland-Garros a généré plus de 400 millions d’euros de paris clandestins, on attend 2 à 3 milliards d’euros de mise pour la Coupe du Monde. Et une cinquantaines de licences devraient être délivrées par la future Autorité de régulation des jeux en ligne.

Parmi ceux-ci, les sites de presse sont nombreux à postuler, espérant compléter par ce moyen leur modèle économique qui bascule progressivement vers le payant :

  • LeMonde.fr a étoffé sa rubrique sportive et lancé une lettre quotidienne spécialisée en expliquant sans détour que « cela (leur) permettra de mettre en place des paris en ligne quand ils seront autorisés » (dixit le patron du site, Philippe Jeannet). À plusieurs reprises, déjà, le site a renvoyé vers SportingBet, qui propose des paris en ligne alors que la Française des Jeux est encore dépositaire du monopole en France.
  • Cinquante journaux régionaux ont lancé un appel d’offres remporté par Betclic, société détenue par Stéphane Courbit. Ils espèrent ainsi « rentabiliser » leur maillage local et leur expertise auprès d’un public potentiel de 17,6 millions de lecteurs.
  • Le Figaro a profité des régionales pour se placer sur le marché des paris en ligne avec Prédipol, un jeu de pronostics des résultats électoraux aux élections régionales et explique aujourd’hui que « malgré un ratage sur le MoDem, les prévisions de Prédipol ont été plus souvent plus proches des résultats du premier tour que les mesures d’intentions de vote des instituts de sondages. Seul Prédipol a anticipé la “surprenante” performance du Front national ». Or en février, Etienne Mougeotte, le directeur des rédactions du Figaro, expliquait qu’en cas de « succès » de ces paris aux régionales, « on lancera Predipol de façon plus forte pour les élections présidentielles. »
  • TF1 s’est associé avec la Française des Jeux pour devenir opérateur de jeux et possède également, en lien avec sa chaîne Eurosport, Eurosport Bet.
  • Et le groupe Amaury (Le Parisien, Aujourd’hui en France, L’Equipe, France Football, L’Équipe TV et autres) s’est allié avec Bwin (dont Bernard Arnault, LVMH, est actionnaire) pour  lancer le site de poker et de paris sportifs Sajoo.  Il discute également avec Zeturf pour les paris hippiques en liaison avec les pronostics du Parisien.

La rentabilité visée d’ici trois ans

À bien des égards, l’exemple d’Amaury est exemplaire du renversement progressif de l’économie de la presse. Le groupe vient de déposer deux demandes de licences d’opérateurs de jeux en ligne et dit viser la rentabilité de cette activité en trois ans. Sajoo.fr (détenu à 55% par Amaury) deviendrait alors le troisième « pied » du groupe à coté de l’activité historique presse et de l’organisation d’événements sportifs.

Depuis longtemps déjà, les journaux organisent des compétitions sportives. C’est une façon pour eux de « créer » l’actualité quand celle-ci fait défaut et de vendre du papier. Le prédécesseur de L’Équipe, L’Auto-Le Vélo a ainsi fabriqué de toutes pièces le Tour de France en 1903, en plein été, à un moment où les journaux sont vides. Fin 1954, c’est encore L’Équipe qui invente la Coupe d’Europe des clubs champions (la future Ligue des Champions) par une série d’articles de Gabriel Hanot et Jacques de Ryswick, avec en point d’orgue, le règlement écrit directement par le directeur de France-Football, Jacques Ferran. Amaury élaborera aussi le Paris-Dakar en 1978 (pour animer la période de Noël, désespérément vide en matchs français), la Coupe du monde de ski alpin (parce qu’une édition des jeux Olympiques d’hiver tous les quatre ans ne suffit pas à maintenir l’intérêt pour le ski),…

Et quand Amaury ne crée pas les compétitions, il invente les trophées qui comptent comme le Ballon d’Or (dont le nom complet est « Ballon d’Or France-Football ») qui distingue tout simplement le meilleur joueur du monde (longtemps limité cependant aux championnats européens).

Pourtant, au tournant des années 1960-1970, lorsque L’Équipe entre dans le groupe Amaury, c’est toujours le sport qui est au service de la vente des journaux. Le Tour de France se contente de dégager un petit bénéfice et surtout beaucoup de diffusion pour les journaux. Tout va changer lorsque Jean-Claude Killy, au sortir des jeux Olympiques d’hiver à Albertville, en 1992, va transformer l’antique Société du Tour de France en une entreprise d’organisation de spectacles sportifs fortement mis en scène, Amaury Sport Organisation.

Juteux partenariats sur le Tour de France

C’est l’époque où les sponsors commencent à rivaliser sérieusement pour bénéficier de la publicité gratuite de trois semaines qu’offre un partenariat sur le maillot jaune (Le Crédit lyonnais le sponsorise depuis 1987), vert (pour le meilleur sprinteur, payé par la Française des Jeux ), à pois (pour le meilleur grimpeur, aujourd’hui dévolu au groupe Carrefour). C’est aussi le moment où explosent les droits de retransmission par la télévision.

D’un coup, alors, c’est l’événement qui fait vivre le groupe et plus le récit qui en est fait par la presse.

Dans le même temps, la presse connaît un engouement pour le journalisme d’investigation, qui ne s’intéresse donc plus à mythifier le sport, mais à en débusquer notamment les tricheries. A partir de 1988 et de la déchéance du héros dopé, Ben Johnson, tous les champions deviennent suspects et les scandales éclatent l’un après l’autre. La presse parasite le spectacle, il menace sa pérennité, il ouvre la voie au doute.

Lance Armstrong, vainqueur multiple du Tour à partir de 1999, va symboliser un tournant américain d’ASO. Alors que le public européen boude, le nouveau champion concrétise le rêve que Greg LeMond n’avait pu réaliser tout à fait. Les droits télé se déplacent de l’autre côté de l’Atlantique, la publicité et les sponsors aussi. Fini les frères Ripolin, voici Nike et Coca-Cola brothers.

Les paris sportifs inaugurent une troisième époque pour Amaury. Le groupe organise l’événement (ASO), le raconte (L’Equipe, Le Parisien) et en tire les bénéfices (Sajoo) dans une stratégie cohérente : des événements populaires (du football, du vélo et même le rallye Paris-Dakar où se précipitèrent un temps Johnny Hallyday, Michel Sardou, Caroline de Monaco…), une presse populaire, un vice populaire : le jeu d’argent.

Seule compte la déclinaison de la marque

Plus besoin dès lors d’une presse qui critique le spectacle au risque de le décrédibiliser, ni des investissements qui vont avec : seule compte la déclinaison de la marque. De bonne source (Amaury ne dépose pas ses comptes au tribunal de commerce et préfère chaque année payer l’amende), le résultat d’exploitation d’ASO (40 millions d’euros l’an passé) correspond à peu près à celui du groupe Amaury. Autrement dit, l’activité  presse ne rapporte pas réellement d’argent (l’année 2010 devrait néanmoins être plus faste pour L’Équipe avec la Coupe du Monde de football) et l’organisation d’événement est seule bénéficiaire.

La tentation, dès lors, pourrait être de transformer les titres du groupe en prescripteurs de paris, pronostiqueurs comme le fait déjà Le Parisien pour le PMU et, par nature, L’Équipe qui alimente ainsi les discussions de supporters, avant, peut-être, les appétits des parieurs. L’attention devrait, en effet, rapidement se focaliser sur le retour sur investissement que chaque opérateur peut garantir au parieur. A cet égard, les opérateurs offshore resteront probablement plus compétitifs. Les groupes de presse ne pourront miser que sur la peur du gendarme et sur l’offre de service, c’est-à-dire l’expertise « journalistique » pour déterminer la cote.

Billet publié initialement sur Le blog de Vincent Truffy

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Jeux en ligne, ne nous alarmons pas http://owni.fr/2010/02/04/jeux-en-ligne-ne-nous-alarmons-pas/ http://owni.fr/2010/02/04/jeux-en-ligne-ne-nous-alarmons-pas/#comments Thu, 04 Feb 2010 16:39:35 +0000 Samuel (Authueil) http://owni.fr/?p=7674

Le Sénat examine très prochainement le projet de loi sur les jeux en ligne, avec la question du filtrage qui passionne le monde de l’internet. Le site Numérama s’excite et pcinpact s’interroge autour d’un amendement d’Ambroise Dupont, rapporteur pour avis, qui entend sortir le juge du dispositif. Cette agitation est un peu vaine, car cet amendement n’a strictement aucune chance de prospérer !

La commission saisie au fond, c’est la commission des Finances. Avant d’être une question de “culture”, les jeux en ligne, c’est une affaire de gros sous. C’est donc le texte issu de la commission des finances qui servira de base à la discussion en séance publique. Les amendements de la commission des affaires culturelles seront des amendements parmi d’autres, qui auront peut être un petit peu plus de poids du fait qu’ils ont été adoptés par une commission.

Ce qui compte, c’est le point de vue du rapporteur de la commission des Finances, François Trucy, qui est exprimé ici. Il est pour le maintien du juge dans le dispositif. Son argumentation est un peu différente de celle des députés, mais finalement assez complémentaire. Pour lui, la décision du conseil constitutionnel sur hadopi, qui érige l’accès à internet en “droit constitutionnellement protégé” est un peu fragile pour justifier, à elle seule, que l’on ne puisse confier qu’au juge le filtrage ou le blocage de sites internet. Par contre, il relève que cette décision implique de qualifier juridiquement des faits, et que dans le domaine pénal, c’est quand même nettement mieux de confier cela à un juge, qui s’y connaît bien mieux là dessus qu’une autorité administrative. C’est plutôt une bonne argumentation, car cela pose un deuxième verrou.

Le gouvernement étant favorable à l’intervention du juge, le rapporteur sur le fond l’étant aussi, cela laisse bien peu de place pour ce cher Ambroise Dupont. Quelle mouche a bien pu le piquer, surtout qu’il ne se contente pas d’un amendement. Il propose aussi d’exonérer complètement les FAI de leur responsabilité en cas de surblocage. Allez y, lâchez vous, sortez l’arme nucléaire, vous êtes couverts ! Vous pensez bien que les FAI vont se gêner. Ils vont utiliser les techniques qui leur causent le moins d’inconvénients. Je pense que le sénateur Dupont a été chargé de “faire plaisir” aux différents lobbies qui se sont manifestés sur le sujet, en déposant leurs amendements, afin qu’ils puissent être débattus. Mais le fait qu’ils soient portés par le rapporteur pour avis (secondaire) et non par le rapporteur sur le fond (principal) est significatif. Ils ne passeront pas.

Le jeu parlementaire est parfois très subtil, car il consiste à rechercher en permanence des équilibres, à gérer des intérêts et des demandes contradictoires, tout en restant dans le cadre juridique et constitutionnel, et en respectant, un tant soit peu, l’intérêt général. Pas toujours évident, d’où des chemins parfois tortueux et obscurs pour les profanes.

» Article initialement publié sur Authueil

» Illustration de page d’accueil par gilderic sur Flickr ]]> http://owni.fr/2010/02/04/jeux-en-ligne-ne-nous-alarmons-pas/feed/ 1