Le SDIG aurait demandé d’annuler un twapéro de… six personnes

Le 25 janvier 2011

Flavien voulait organiser un twapéro à Valenciennes. Le SDIG l'a convoqué dans ses services "pour faire le point sur la sécurité". Le jeune homme soutient qu'elle lui a demandé d'annuler l'événement.

L’Internet rend fou et cette anecdote nous conforte dans notre opinion : dans un excès de zèle, le SDIG (ex-RG) a convoqué Flavien, un étudiant de Valenciennes, pour lui demander d’annuler un twapéro de… six personnes organisé ce vendredi dans un bar, le premier dans la petite ville de province. Devant le peu de personnes prévues, ce dangereux “accro aux Rails de Code” n’avait même pas pris la peine de signaler la chose au gérant de l’établissement.

/!\ TWAPÉRO ANNULÉ /!\

Suite à des soucis de « sécurité », on nous a demandé d’annuler l’événement. Vous nous en voyez les premiers désolés…

Flavien a d’abord été appelé hier par un homme qui s’est présenté comme étant des RG pour lui indiquer qu’il souhaitait faire le point sur la sécurité à propos de cet événement. Le rendez-vous aura lieu ce mardi matin dans leur service place d’Armes, en centre-ville, dans l’immeuble de la Banque de France. Là un homme lui explique “que ce n’était pas terrible au niveau de la sécurité, qu’il pouvait en fait y avoir plein de monde.” Flavien a beau lui dire que les participants sont en nombre restreint et qu’il a déjà organisé des concerts, sans connaître de soucis, peu importe : “Il m’ont demandé de prévenir les participants que l’événement était annulé et qu’il aurait lieu entre nous, mais pas dans un bar.” C’est du moins sa version.

Sont-ils prêts à assumer les conséquences de trouble à l’ordre civil ?

Contactée, le SDIG (en l’occurrence un homme qui a refusé de donner son nom mais m’a demandé, un peu agressif, le mien) confirme avoir rencontré “l’organisateur pour faire un point sur la sécurité de l’événement : le nombre d’encadrants, s’ils étaient assurés, prêts à assumer les conséquences de troubles à l’ordre civilC’est une démarche courante lorsqu’il y a des rassemblements, qu’ils soient festifs ou contestataires.” En revanche, le SDIG nie avoir demandé l’annulation de l’événement : “Absolument pas, c’est eux qui ont décidé d’annuler.” Enfin selon Flavien, son interlocuteur “n’a pas apprécié que je lui dise que j’allais quand même organiser un twapéro dans un autre bar en prévenant le gérant.” En principe, ce devrait être la semaine prochaine. D’ici là, la sous-préfecture pourrait lui envoyer une lettre, lui a indiqué l’officier de la SDIG.

Avant lui, Romain, un des participants, a aussi eu droit a un petit entretien. Si l’agent du SDIG ne lui a pas demandé d’annuler, son discours était pour le moins dissuasif : “Il m’a bien intimidé pour me pousser à annuler. Il insistait sur les risques : on ne connait pas les gens, il y aura de l’alcool. Il nous aussi dit que comme c’était un événement public, nous aurions dû prévenir la sous-préfecture.” Voyant que ces arguments ne touchaient pas son interlocuteur, Romain a fait mine d’envisager la possibilité d’annuler, histoire ne pas passer la journée dans ce bureau. Pour anecdote, un personnel de la faculté où il étudie est venu le prévenir en cours pour lui dire que le SDIG souhaitait lui parler.

Interrogé sur cet excès de zèle dont l’origine ne fait aucun doute – on ne dira jamais tous les dégâts causés par les apéros Facebook et pas uniquement sur le temps de cerveau disponible de Mme Michu-, l’officier a justifié leur action : “officiellement, il n’y a que six personnes mais on ne peut pas savoir avant l’événement même. Oui, c’est le genre d’événement qui attire l’attention. Le problème (sic) quand on organise ce genre d’événement, c’est qu’il y a des éléments qu’on ne prend pas en compte.”

Contacté, le gérant du bar-brasserie “Au Bureau” où devait avoir lieu la réunion a indiqué qu’un lieutenant de police était venu le voir le mettre au courant de twapéro et l’a prévenu des éventuels débordements. “Ça nous a fait un peu peur, explique Christian, avec tous ces apéros Facebook qui sont partis en vrille. C’est normal qu’ils nous avertissent, avec les événements qui sont lancés sur un site, Facebook ou autre, il faut être vigilant. Nous sommes un établissement sans problème, je ne suis pas contre mais on aurait voulu être averti.” Christian, qui ne connaissait pas le principe du twapéro, a  du coup, fait sa petite enquête, et il est alors tombé sur la page twapéro Valenciennes, sur Twunch. Il a ensuite contacté Flavien pour avoir des renseignements et les deux protagonistes involontaires de cette histoire ubuesque vont peut-être se rencontrer dimanche.

On aimerait que les comices agricoles et la Fête de la Musique bénéficient d’autant d’attention de la part du SDIG. On le félicitera néanmoins sur ce coup : mettre la main sur un twapéro de six personnes, quelle finesse de tamis… : “Le Twunch de Cannes tourne au drame” :

Avant même que nous puissions entrer dans le fast-food, l’un d’entre nous fut interpellé par un agent de sécurité.

- Monsieur, je suis désolé, mais vous ne pouvez pas entrer comme ça. Votre tenue n’est pas adaptée.

Très vite, le Twittos agacé lui répondit du tac-o-tac :

-Ah ouais ? Tu sais qui je suis ? Je suis un Twittos influent, et si tu ne me laisses pas entrer, tu vas avoir mes 74 followers qui vont venir te péter la gueule. Maintenant barre-toi de là, et laisse-moi grailler tranquille.

Le Twittos cannois n’avait pas compris qu’il s’agissait là d’une caméra cachée, et le videur, vexé prit à son tour la chose au premier degré.

-Quoi?  Tu te la racontes avec tes 74 followers ? Appelle-les vite, parce que dans 2 minutes, ce sont mes 253 amis sur Facebook, qui vont récamper [ndlr: "rappliquer" en provençal] ! Petite Lopette !

Merci à @nkgl pour le ping :-)
Image CC Flickr glennharper

MAJ : le 26 janvier à 18 h 40 après entretien avec Romain.

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